La Crème De La Crème - Kim Chapiron

Avec " La Crème De La Crème ", le jeune réalisateur à la notoriété grandissante Kim Chapiron, est aux commandes de sa troisième réalisation d'un long-métrage. Après son " Sheitan " qui était assez raté et le très efficace " Dog Pound ", on attendait beaucoup de son nouveau film.

Il plante sa caméra dans l'univers d'une école de commerce Française très réputée dans laquelle le marché sexuel règne en maitre. On soulignera qu'une fois de plus, il s'intéresse à une jeunesse en quête d'identité et de sensations fortes. C'est par ailleurs une des force du cinéma de Kim Chapiron. Il ose mettre en lumière le temps d'un film la subversion des jeunes d'aujourd'hui. Peut-on dire qu'il y parvient en faisant un sans faute ? Pas vraiment.

Durant la première moitié du film, on s'étonne à trouver le propos assez léger puisqu'il est traité avec une touche d'humour efficiente c'est vrai, mais qui ne transcende jamais rien. On a donc dès les premiers instants, l'impression d'assister à une blague potache, une comédie noire qui parvient à nous arracher quelques sourires, mais qui s'avère surtout déconcertante puisque nous avons l'impression de ne pas voir le film que l'on recherchait au départ. Dès lors, " La Crème De La Crème " nous offre une succession de pastilles - assez savoureuses - où la musique joue un rôle majeur quant aux émotions des personnages. On passe donc des " Lacs Du Connemara " de Michel Sardou à " Ecoute-Moi Camarade " de Rachid Taha. Si à première vue cela peut paraitre sacrément vain, c'est avant-tout une belle idée de mise en scène de la part du cinéaste. On ressent donc un plaisir certain mais malheureusement assez fugace étant donné que le scénario ne décolle vraiment jamais et le film en devient confus dans le message qu'il souhaite nous faire passer.

En effet, qu'est-ce que Kim Chapiron a désiré nous faire comprendre à travers son film ? C'est une question que l'on se pose pendant et après la projection. La faute à un scénario bien trop faible comme il l'a été cité plus haut. Il manque à " La Crème De La Crème " un mordant propre à la mise en scène du réalisateur. On ne dira pas non plus que les comédies sont mauvais, bien au contraire. Alice Isaaz - que l'on voit partout ces derniers temps - est une vraie révélation, Thomas Blumenthal que l'on avait aperçu dans " Les Choristes " est excellent et Jean-Baptiste Lafarge campe un parfait " salaud ". Aussi bien les dialogues que les prestations, tout sonne vrai. Malheureusement, la pauvreté du scénario nuit énormément au film que l'on aurait souhaité plus décoiffant. On voulait presque du trash, de la gêne, de l'audace, mais on se retrouve avec une comédie pas catastrophique mais qui ne nous marque jamais. Un très bon travail de metteur en scène, les plans sont maitrisés, les acteurs sont excellemment dirigés mais tout est presque plombé par une négligence d'écriture regrettable.

Au final, " La Crème De La Crème " est une comédie qui peine à s'assumer en tant que telle. On nous avait promis un film qui allait trancher dans le vif du sujet, on se retrouve au final avec un produit inoffensif ( limite pudique ) au message abstrait. On retient quelques bons - voire très bons - moments de cinéma, mais sitôt vu, sitôt oublié. Bon réalisateur, mauvais scénariste. Une crème qui tourne qui que l'on déguste parfois avec plaisir. Un film meilleur que " Sheitan " mais bien moins marquant que " Dog Pound ".

5,5/10